Selon une étude de référence* publiée le 13 septembre 2023, six seuils d’alerte écologiques sont désormais dépassés, à cause de l’exploitation des ressources naturelles par l’humanité.

Les scientifiques ont cherché à identifier les processus qui régulent la stabilité et la résilience de notre planète. Ils ont ainsi défini neuf limites planétaires, correspondant aux limites que peut subir la Terre face aux activités humaines sans compromettre nos conditions de vie.

Cinq seuils sont déjà dépassés : le changement climatique (concentration en CO2 de l’atmosphère), l’érosion de la biodiversité (les espèces qui disparaissent), la perturbation globale du cycle de l’azote et du phosphore (éléments essentiels à la vie), les changements d’utilisation des sols (déforestation), la pollution chimique. Et désormais la raréfaction de l’eau douce. Il s’agit de la 6e limite planétaire dépassée (quantité d’eau douce prélevée par l’humanité), selon les chercheurs.

Le cycle de l’eau douce est constitué de l’eau verte et de l’eau bleue. L’eau verte, celle que les plantes et les végétaux absorbent, et qui retourne à l’atmosphère, a été dépassée l’an dernier. La perturbation du cycle de l’eau verte à deux effets pervers : ou bien il y a de plus en plus d’eau évaporée dans l’air, du fait des températures, et cette dernière participe à l’effet de serre, ou bien l’eau qui n’est plus absorbée par les sols rejoint les océans… et participe à la montée des eaux.

Cette année, c’est au tour de l’eau bleue. Celle qui coule dans les cours d’eau jusqu’à la mer ou qui est recueillie dans les lacs et les nappes phréatiques. En cause notamment : la sécheresse, la disparation des prairies inondables et de zones humides en bord de rivière.

Trois limites n’ont pas été dépassées pour l’instant : l’acidification des océans, la dégradation de la couche d’ozone et l’augmentation des aérosols (particules fines) dans l’atmosphère. Et à ce stade, seule la couche d’ozone semble être à peu près préservée. Si l’augmentation des aérosols présents dans notre atmosphère n’a toujours pas été quantifiée, l’acidification des océans empire quant à elle un peu plus chaque année, sans que des mesures efficaces n’aient été prises… Et le franchissement de la limite est d’autant plus imminent que les différentes catégories évoquées sont bien souvent interdépendantes : la perturbation du cycle de l’azote par exemple, dû à l’espèce humaine, a pour conséquence d’influer indirectement sur l’acidification des océans.

Pour autant rien n’est perdu. L’étude assure que pour les neuf limites, la situation peut revenir en deçà des seuils d’alerte. Il faudrait pour cela fixer des limites à la quantité de déchets que nous rejetons dans l’environnement et à la quantité de matières premières vivantes ou non que nous en extrayons.

 *Étude conduite par le Stockholm Resilience Center