Elles culminent à près de 30m de haut. Difficile de ne pas apercevoir les deux foreuses de plus de 60 tonnes en pleine action sur la digue de la fosse aux carpes, depuis le 14 février, quand on passe à proximité du chantier en bordure de Seine à Draveil. Leur rôle : réaliser 431 pieux sécants en béton de 12m de profondeur pour constituer un écran étanche sur 250m de long. L’objectif est de conforter la digue, la solidifier, et protéger les 1700 riverains du quartier de la Villa contre les inondations.

Le SyAGE a repris la gestion de la digue de la fosse aux carpes depuis 2020 et l’extension de la compétence GEMAPI sur l’ensemble du bassin versant de l’Yerres. Il a rapidement lancé une expertise qui a montré plusieurs fragilités de l’ouvrage en cas de crue. De ce fait, le SyAGE a engagé des travaux en urgence pour renforcer la digue.

Dans ce dossier sensible, le SyAGE a bénéficié d’un précieux appui de la préfecture et des services instructeurs pour bénéficier d’une procédure d’autorisation accélérée des travaux, justifiée par l’urgence à conforter cet ouvrage, tout en garantissant le respect des mesures de protection environnementales.

Quels travaux sont réalisés ?

Les travaux préparatoires ont démarré en fin d’année dernière avec l’installation de la base de vie et la réalisation de sondages géotechniques. La digue a été ensuite écrêtée sur une hauteur d’un mètre pour assurer le passage des engins de chantier. Depuis le 14 février, deux foreuses s’activent pour réaliser le grand mur étanche. Une opération rarissime et inédite.

En effet, l’entreprise NGE utilise un procédé innovant afin de poser les 431 pieux sécants : elle a mis au point une nouvelle technique de forage permettant d’éviter le recours à du polystyrène non réutilisable, par une sorte de boudin gonflable sur-mesure pour la réalisation des murettes guides visant à assurer la verticalité des pieux.

La fin des travaux de l’écran étanche est prévue le 21 mars.

 

Une intervention d’envergure dans un environnement protégé

Une attention particulière est portée à l’aspect environnemental lors des travaux car la fosse aux carpes bénéficie d’un arrêté de protection de biotope en vue de préserver les habitats des espèces protégés. De nombreuses mesures de protection environnementales sont mises en œuvre : prévention vis-à-vis du ruissellement sur zones de dépôt de matériaux de déblais, repérage et protection des arbres à cavités habitats de chiroptères et avifaune. Le SyAGE s’appuie également sur un écologue pour le suivi de chantier.

Un barrage flottant a été également mis en place pour prévenir d’éventuelles pollutions.

Tous les débris collectés seront stockés temporairement sur le site avant d’être évacués dans des filières spécialisées.

Des mesures de qualité des eaux du plan d’eau sont réalisées quotidiennement.

En outre, la Léersie Faux-Riz, une espèce protégée unique en Essonne, présente sur le site, a fait l’objet d’une transplantation par l’entreprise Terideal en novembre dernier. Les plantes aquatiques ont été déplacées hors du site des travaux dans des casiers et transposées provisoirement dans une autre partie de la Fosse aux carpes, au niveau de la Seine. Une opération réalisée en lien avec le Conservatoire Botanique du Bassin Parisien et les services de l’État. Les Léersies seront replantées à la fin des travaux. Un suivi environnemental dont un plan de gestion d’espèces exotiques envahissantes est prévu à l’issue du chantier pendant une durée de cinq ans.

Le chantier sera interrompu fin mars pour permettre la reproduction de la faune. La remise en état du site et les replantations seront effectuées en novembre prochain.

Le coût de l’opération est de 2,5 millions d’euros. Elle est financée en partie par l’État, le Conseil départemental de l’Essonne, l’Agence des Espaces Verts et le SyAGE.

Crédit photos : © Alex Bonnemaison