Alors que le bassin versant de l’Yerres traverse une période de sécheresse marquée (3e printemps le plus chaud depuis 1900), le 8ème atelier de Champigny 2060 organisé par AQUI’Brie (association de connaissance et protection de l’aquifère du Champigny) a permis de faire le point sur l’état de la nappe du Champigny, le 24 juin.
Deux années de pluie… suivies d’une sécheresse persistante
Entre janvier 2023 et janvier 2025, la région a connu une pluviométrie exceptionnelle. Selon Météo-France, certains secteurs ont enregistré jusqu’à 20 à 30 % de précipitations en plus que la normale annuelle, avec des pics notables à l’hiver 2023-2024. Ces apports ont permis une recharge significative des nappes souterraines, en particulier celle du Champigny (qui a atteint 75 % de sa capacité maximale début 2025)
Mais cette dynamique positive a rapidement été contrecarrée par une sécheresse durable, particulièrement marquée depuis le printemps 2025. Cette sécheresse frappe tout le bassin versant de l’Yerres, avec un déficit pluviométrique de 50 % en mai et 25 % en juin 2025. Les températures élevées ont accentué l’évapotranspiration, limitant l’infiltration et accélérant l’assèchement des sols.
Des nappes aux comportements contrastés
La nappe superficielle de la Brie, peu profonde et directement alimentée par les précipitations, se vide rapidement. Son niveau baisse de semaine en semaine, faute de recharges récentes. Cette sensibilité est typique des nappes peu profondes, très réactives aux aléas météorologiques.
À l’inverse, la nappe du Champigny, plus profonde, bénéficie d’une inertie naturelle. Même si elle n’est plus alimentée, son niveau reste relativement stable et sa baisse est lente, grâce à la recharge importante des deux années précédentes.
Des modèles climatiques à revoir : AQUI’Brie ajuste ses prévisions
Nicolas Galoche, chercheur au CNRM, a présenté des projections actualisées issues des modèles météorologiques, dont le Champigny 2060 pourrait bénéficier des résultats en avant-première. Ces modèles indiquent une élévation des températures moyennes sur le territoire : +2°C d’ici 2060 selon le scénario pessimiste et +0,7°C selon un scénario intermédiaire. En conséquence, les débits des cours d’eau devraient diminuer notablement entre avril et novembre, avec une sécheresse marquée attendue en septembre-octobre, tandis que les débits hivernaux resteraient comparables aux valeurs actuelles. Ces tendances sont établies sur des moyennes glissantes de 10 ans.
Par ailleurs, il a été souligné que les pluies excédentaires enregistrées entre août 2023 et décembre 2024 ont favorisé l’intensification des crues de l’Yerres entre février et avril 2024. À Évry-Grégy-sur-Yerres (77), la nappe phréatique, lorsqu’elle atteint un niveau élevé (49 m), peut aggraver les crues en surface. Une remontée significative de la nappe a été observée jusqu’à Montereau-sur-le-Jard (77), atteignant presque son niveau maximal (50,3 m), tandis qu’à Villegruis (77), la nappe a atteint le niveau du de la Traconne, provoquant des débordements en surface.
Enfin, l’évolution des indicateurs d’humidité des sols – passés d’un état « extrême humide » à « extrême sec » – souligne un besoin anticipé d’irrigation supplémentaire de l’ordre de 30 % à l’horizon 2060.
Un avenir incertain à l’épreuve du climat
Le changement climatique ne fait qu’aggraver ces déséquilibres. En intensifiant l’évaporation, en raccourcissant les hivers humides et en rendant les périodes de sécheresse plus longues, il complique la gestion des ressources en eau.
Les nappes phréatiques, véritables réserves stratégiques pour l’alimentation en eau potable, l’agriculture (irrigation) et le maintien des écosystèmes, deviennent plus vulnérables. Cette réalité impose une adaptation rapide des politiques de gestion de l’eau, mais aussi une prise de conscience collective.