Début novembre, les travaux de la zone d’expansion de crues de la forêt d’Armainvilliers, à Ozoir-la-Ferrière, ont démarré. Le SYAGE réalise des travaux importants : le rehaussement de 440 mètres de la digue existante, la création d’une nouvelle digue de 480 mètres et l’installation d’un système de régulation pour contrôler le débit du ru de la Ménagerie.
Grâce à ces aménagements, 45 000 m³ d’eau seront stockés en forêt, permettant de protéger près d’une centaine d’habitations et de réduire les hauteurs d’eau pour une centaine d’autres logements du quartier de la gare, lors des crues courantes.
Le chantier est soumis à une charte de faible nuisance environnementale afin de préserver la faune et la flore de la forêt. Plusieurs mesures sont mises en place pour protéger notamment les chauves-souris et les batraciens. Une surveillance environnementale constante du chantier sera assurée.
Rencontre avec l’écologue, Vincent Alesi, référent technique biodiversité chez Terideal, qui suit le chantier.
Interview de l’écologue qui suit le chantier
Quel est le rôle de l’écologue sur un chantier ?
Vincent Alesi : J’ai un rôle d’appui technique dans la prise en compte de la biodiversité sur les projets d’aménagement comme celui de la zone d’expansion de crues de la forêt d’Armainvilliers. J’interviens ainsi essentiellement en amont des chantiers pour protéger et préserver la faune et la flore mais aussi pour assurer le suivi de la mise en œuvre de ces recommandations.
En quoi consiste votre mission pour la ZEC de la forêt d’Armainvilliers ?
VA : Plusieurs mesures sont mises en place pour la préservation des espèces et des milieux. Des arbres gîtes pour des chiroptères (espèces de chauves-souris) sont vidés avant leur abattage. Des filets de protection seront aussi posés pour protéger et empêcher les batraciens de pénétrer sur le chantier. Des nids de Bombyx Disparate (chenilles qui ravagent les forêts de feuillis) que l’on avait identifiés sont aussi détruits. Et une attention particulière est également portée à la Renouée du Japon, qui est une plante invasive.
Quelles sont les mesures protection prises pour les chauves-souris ?
VA : Plusieurs arbres placés sur l’emprise de la future digue doivent être abattus. Nous les avons inspectés au préalable avec des jumelles et nous avons marqué ceux qui avaient des petites cavités. Les trous façonnés par des pic-vert, les fissures notamment sur des platanes après des blessures de taille, peuvent souvent leur servir d’abri. Ensuite, un bucheron grimpe sur le tronc et effectue une inspection avec une caméra endoscopique pour s’assurer de la présence ou pas de chauve-souris. Si ce n’est pas le cas. Il procède à l’abattage de l’arbre.
Et dans le cas où vous détectez des chauves-souris ?
VA : Il ne faut surtout pas les toucher car c’est une espèce protégée et sensible avec un faible taux de renouvellement. Les chiroptères sont importants dans la régulation des insectes, notamment les moustiques et protègent ainsi les cultures et les forêts. Si un arbre abrite des chauves-souris, celui-ci est descendu en douceur par rétention avec une petite tronçonneuse, afin de freiner la chute et de ne pas abimer l’abri et les chauves-souris.
Avez-vous trouvé des chauves-souris sur le chantier ?
VA : Non et il est fort peu probable que nous en trouvons. Le début des travaux a été justement programmé avant la période d’hibernation, où elles se regroupent dans leurs abris, par mesure de précaution. Il est essentiel de ne pas les déranger quand elles hibernent. Car elles entrent alors en léthargie. Leur température corporelle s’abaisse considérablement (36°C à environ 3 à 6°C) et leur fréquence cardiaque passe de 400 pulsations par minute en activité à environ 15 en hibernation ! Durant cette période, elles sont très fragiles et tout dérangement peut leur être fatal, en raison de la dépense d’énergie nécessaire au réveil.