On appelle génie végétal un ensemble de techniques utilisant les végétaux (tiges, branches, plantations, pailles, etc.) dans le but de réhabiliter des paysages, de maintenir les sols et de dépolluer les sols et les eaux. Le tout en faisant appel aux propriétés biologiques et mécaniques des végétaux.
Ces techniques sont utilisées en France depuis des siècles, on en trouve d’ailleurs trace dans des écrits du 17ème siècle. Elles ont été particulièrement utilisées au cours du 19ème siècle, puis supplantées au fil des décennies au profit de l’enrochement puis du béton.
Aujourd’hui, leur utilisation est de nouveau revalorisée, dans le but de restaurer les habitats naturels et d’y préserver la biodiversité des écosystèmes.
Des solutions d’aménagement naturelles et vivantes pour protéger les berges de la rivière
En exploitant les capacités naturelles du végétal (comme la résistance des tiges et branches, le développement racinaire des plantes pour un meilleur maintien, etc.), on peut offrir une solution efficace et durable respectant l’environnement et les écosystèmes. Le « génie végétal » permet le maintien de la diversité des habitats et des écosystèmes, garantissant la fonction essentielle de corridor écologique des berges et la restauration des milieux naturels.
Ces techniques répondent à différents objectifs tels que :
- la gestion et la stabilisation des sols érodés ;
- la restauration des milieux dégradés par l’humain ;
- la dépollution et l’épuration des sols et des eaux, qu’on regroupe souvent sous le vocable de phytotechnologie.
Les différentes techniques de génie végétal
Le génie végétal peut être une solution efficace pour répondre à différentes problématiques :
1/ La restauration et/ou la stabilisation des berges :
Des techniques de génie végétal offrent de bonnes solutions de restauration pour les berges érodées, en s’appuyant sur l’utilisation de la végétation. Elles bénéficient d’atouts non négligeables :
- Elles permettent de favoriser les échanges entre l’eau et les berges, ce qui permet l’épuration naturelle des eaux d’écoulement, par filtration avant l’arrivée des eaux de ruissellement dans le cours d’eau. Elles offrent également des abris à la faune et à la flore locale favorable à la biodiversité,
- Elles présentent de la souplesse en cas de crue,
- Ce sont des solutions pérennes car les ouvrages se renforcent avec le temps grâce au système racinaire des végétaux mis en place.
Voici quelques exemples :
Les lits de plants et plançons
Cette technique est utilisée pour le confortement de talus à forte pente qui sont très sensibles aux actions de l’eau et à l’érosion des sols. Il est nécessaire pour les consolider d’agir sur toute leur hauteur.
Elle consiste en l’alternance de plançons (branches de saule que l’on repique en terre comme une bouture) et de boudins de terre qui permettent de créer des ceintures végétales. Le développement racinaire permet le maintien de la berge dans le temps.
Le peigne végétal
Il s’agit d’une technique simple du génie végétal, économique et idéale pour réparer ou combler un bout de berge qui s’érode.
Des pieux sont plantés puis fixés solidement entre eux et à la berge. Ce peigne est comblé par des branches et divers végétaux (prélevés de préférence sur place). Il permet de filtrer les éléments en suspension et les sédiments du cours d’eau, qui vont pouvoir se déposer et reconstituer progressivement la berge. Cette méthode est particulièrement intéressante pour des cours d’eau subissant des crues fréquentes et transportant beaucoup de matières en suspension. Un apport en matière graveleuse peut être effectué, dans un premier temps, si besoin.
Les fascines de saules
Le fascinage est une technique de protection de pied de berges qui consiste à mettre en place des branches de saules (inertes ou vivantes) glissées entre 2 rangées de pieux en bois, des matériaux gravelo-terreux peuvent éventuellement être ajoutés.
C’est une méthode efficace immédiatement, particulièrement recommandée pour absorber la force du courant. Avec le temps, le système racinaire des saules va se développer et stabiliser les sols.
Le tressage
Cette technique de protection de berges s’appuie sur l’entrelacement de branches de saule autour d’une rangée de pieux, afin de former un tressage. Elle est adaptée aux berges basses (protection de pieds de berges de faible hauteur, environ 40 cm) de cours d’eau à faible dynamique et de petit gabarit.
L’avantage est que cette méthode est efficace dès son installation.
Le tunage
Cette technique est utilisée pour protéger les berges des petits cours d’eau calmes. Cette structure est constituée d’une file de piquets en bois sur laquelle est fixée des planches de bois.
2/ Aménagement des berges et des talus
La végétalisation permet de protéger le haut de berge et les talus face au ruissellement et aux courants, grâce aux racines des plantations qui renforcent la stabilité des sols. Des espèces ligneuses (arbres et arbustes) comme le saule, l’aulne, l’orme, le noisetier… peuvent être utilisées.
Des plantes hélophytes et hydrophytes (immergées entièrement ou partiellement dans l’eau) sont également utilisées pour leur propriété de phyto-épuration, qui permet un assainissement naturel des eaux.
Plantations
Des espèces ligneuses peuvent être plantées en sommet de berges, des espèces buissonnantes et arbustives en milieu de pentes et des végétaux hélophytes en pied de pentes.
Couche de branches ou garnissage
Cette technique consiste à fixer dans le sol des végétaux ligneux vivants (principalement du saule, qui a un fort pouvoir de reprise et est particulièrement adapté au bord de berge), à l’aide de pieux et d’un treillage de fil de fer, associés à la pose d’un géotextile. La croissance de cette végétation sera amenée à reprendre très rapidement et permettra ainsi de protéger les talus.
L’ensemencement
Cette technique vise à répandre des graines d’espèces ligneuses ou herbacées, de façon manuelle ou mécanique, dans le but de créer une couche de végétation. Cela permet de limiter l’érosion des sols en cas de forte pluie ainsi que le ruissellement.
Le génie végétal peut aussi constituer une alternative ou un bon complément aux ouvrages de génie civil (barrages, clapets, etc.). Car ces techniques innovantes et écologiques, fondées sur la nature, profitent bien sûr à la faune et la flore locales, mais aussi à l’humain. De plus, ces aménagements sont tout à fait accessibles pour les particuliers.