Pourquoi parle-t-on de crue centennale ?

Les crues sont des phénomènes naturels importants pour le fonctionnement des rivières, caractérisés par une montée plus ou moins rapide du niveau, du débit et de la vitesse d’un cours d’eau.

Les crues peuvent être caractérisées par leur période de retour (ou période de récurrence), on entend d’ailleurs très souvent les termes de crue décennale ou centennale.

Les crues sont des phénomènes naturels et normaux

Les crues saisonnières sont donc des événements naturels. Elles font partie intégrante de la vie d’un cours d’eau, permettant le maintien de la diversité des écosystèmes et des services rendus par la nature.

La rivière respire, obéissant à un cycle qui, des plus basses eaux d’été (l’étiage) jusqu’aux plus hautes eaux d’hiver (la crue), lui permet de s’auto-curer, de faire circuler les sédiments et de favoriser la biodiversité.

L’inondation est le premier risque naturel majeur en Île-de-France, notamment pour les 850 000 personnes qui vivent en zone inondable dans la région.

Malheureusement, il n’existe pas de solution miracle pour empêcher une crue de se produire.

Qu’est-ce que la période de retour ?

On appelle « période de retour » le temps de réapparition d’un événement. C’est l’intervalle de temps moyen (en général en années) qui sépare une crue d’une grandeur donnée d’une deuxième crue de grandeur équivalente. Cet intervalle est appelé le ‘retour’.

La période de retour peut également se voir comme la probabilité de la crue à se produire chaque année. Plus l’enchainement des crues augmente, plus le niveau d’eau va augmenter rapidement. Cela veut dire que les enjeux (les personnes et les bâtis) seront plus touchés et plus vite.
Elles sont calculées à partir de lois statistiques précises selon les paramètres observés de précédentes crues.

Ce sont ces périodes de crue qui sont utilisées pour bien dimensionner un ouvrage hydraulique lors de sa conception.

Les différentes périodes de retour

Nous l’avons vu, la période de retour est donc une question de probabilité, en se basant sur l’observation des crues passées et sur leur périodicité.

Voici les différentes périodes de retour des crues :

  • Crue quinquennale (Q5) : une crue qui a un risque sur 5 de se produire chaque année
  • Crue décennale (Q10) : une crue qui a un risque sur 10 de se produire chaque année
  • Crue trentennale (Q30) : une crue qui a un risque sur 30 de se produire chaque année
  • Crue centennale (Q100) : une crue qui a un risque sur 100 de se produire chaque année

Il faut dont distinguer probabilité de retour de crue et intervalle de temps. Ainsi une crue centennale ne va pas se produire tous les 100 ans.

A retenir : plus la période de retour est faible (ex : Q5), moins le cours d’eau sortira de son lit et moins les dégâts seront importants. Et inversement : plus la période est longue (ex : Q30), plus importants seront la crue et les dégâts.
Ainsi une crue quinquennale est presque une crue banale, se limitant à quelques débordements du cours d’eau.

Bien sûr ce n’est pas une science exacte, comme peuvent en témoigner les 2 crues trentennales de l’Yerres de 2016 et 2018. Il faut donc rester vigilant.e et se préparer en ayant les bons réflexes.

L’historique des crues de l’Yerres

1910 : La crue de janvier 1910 est restée longtemps dans beaucoup de mémoires. Car c’est la première dont on a de nombreuses traces photographiques. Les débordements de 1910 ont été provoqués par l’effet conjugué de terres saturées d’eau, à cause notamment d’un été particulièrement pluvieux, et de fortes précipitations (neige et pluie) durant cet hiver. Plusieurs repères de crue témoignent de cet épisode.

1978 : Plus près de nous, la crue de mars 1978 est caractérisée par deux pics de crue successifs (18 mars et 21/22 mars 1978). Le débit instantané maximal a été relevé le 21 mars 1978 à la station de Courtomer (72,8 m3/s). Les inondations ont affecté l’ensemble de la vallée, faisant d’importants dégâts. Plus de 700 bâtiments ont été touchés.

2016 : En juin 2016, l’Yerres a connu une crue historique supérieure à celle de 1978, liée à des précipitations record à la fin du mois de mai et gonflées par les apports de la Seine. Plusieurs centaines d’habitants ont dû être évacués à cause des inondations. De nombreux foyers ont été privés d’électricité pendant plusieurs jours. 126 communes essonniennes ont été reconnues en état de catastrophe naturelle. Les dégâts ont été considérables.

2018 : Autant l’évènement de 2016 s’est déroulé rapidement, autant celui de 2018 s’est caractérisé par une montée des eaux et une descente plus longue (9,3 jours pour la montée). Près de 1 300 personnes ont été inondées, nécessitant l’évacuation de 221 habitants. Si la crue a causé d’importants dégâts, elle a été nettement inférieure à celle de 2016.

2024 : Cette année, la crue d’octobre était due à des précipitations qui ont duré pendant de longues semaines, saturant les sols. La montée des eaux sur l’Yerres et ses affluents était de plusieurs mètres et a touché de nombreuses communes. Elle a été caractérisée entre celle de 2016 et 2018, causant des dégâts importants sur les habitations et les infrastructures : riverains évacués, routes inondées, habitations privées d’électricité, etc.