Lors de la COP 77, organisée au musée de la Grande Guerre à Meaux jeudi 2 octobre 2025, Romain Colas, président du SyAGE, a livré un plaidoyer clair : la gestion du risque inondation doit changer d’échelle et de vitesse.
Devant un parterre d’élus, d’experts et d’acteurs locaux, il a partagé son expérience de terrain sur la GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), dans un contexte où les crues se multiplient.
Agir vite, et au bon niveau
« Il faut agir à l’échelle pertinente », a martelé Romain Colas, prenant l’exemple de l’établissement qu’il préside qui intervient sur l’entièreté du bassin versant. Selon lui, cela permet que les projets locaux puissent être conçus pour avoir un impact sur l’ensemble du bassin versant, pas seulement sur la commune directement concernée.
La ZEC d’Armainvilliers, pensée pour protéger immédiatement des habitants exposés à Ozoir-la-Ferrière, permettra d’agir à l’aval également. Le projet, finalisé dans les semaines qui viennent, vise à conforter une zone d’expansion déjà présente. La ZEC du bois de Rosay à Ozouer-le-Voulgis quant à elle, d’une ampleur bien plus importante puisqu’elle doit permettre de stocker jusqu’à 750 000 m3 d’eau, est un projet plus complexe notamment du point de vue foncier.
Pour Romain Colas, la réussite de ces projets repose sur des partenariats. Il a salué notamment le rôle de la Métropole du Grand Paris, qui accompagne financièrement les opérations via des dispositifs d’indemnisation, ainsi que la coopération étroite avec la Chambre d’agriculture et l’EPTB Seine Grands Lacs. «
Avec les agriculteurs, cela se passe bien », a-t-il expliqué, en insistant sur la nécessité d’impliquer tous les propriétaires et usagers pour faire avancer le projet.
“On travaille avec les outils de l’ancien régime”
Depuis qu’il est maire de Boussy-Saint-Antoine, Romain Colas a connu quatre crues majeures en moins de 20 ans, là où son prédécesseur n’en avait connu aucune : « C’est une accélération massive due au changement climatique. Pourtant, on travaille encore avec des outils de l’ancien régime, comme si on n’était pas pressés ».
Il a appelé à un véritable changement de régime juridique et opérationnel, comparable à ce qui a été mis en place pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris ou l’organisation des Jeux Olympiques : des procédures spéciales permettant d’agir rapidement face à l’urgence.
Des diagnostics individuels encore trop boudés
Autre difficulté pointée : le manque d’adhésion autour des diagnostics de vulnérabilité, pourtant essentiels pour anticiper les impacts d’une crue majeure. « On a du mal à convaincre les gens, alors que ces diagnostics sont indispensables. On n’empêchera jamais une grande crue, mais on peut aussi réduire considérablement ses conséquences avec des protections individuelles », a-t-il rappelé.